Papus (1865-1916)
par Yves-Fred Boisset
paru dans le n° 4 de 2006
Papus, qui fut le fondateur de notre revue en 1888, eut de très nombreuses autres activités tant dans le domaine civil par l’exercice de la médecine que dans le domaine sacré par l’étude approfondie des textes et de la pensée des plus grandes figures de la philosophie traditionnelle.
On trouve sous la plume de la plupart des auteurs qui se sont intéres-sés à Papus deux qualifications récurrentes : « Vulgarisateur » et/ou « le Balzac de l’occultisme ».
Sans vouloir ni m’opposer à ces auteurs ni en blesser l’un ou l’autre d’entre eux, je dois exposer en quelques lignes mon point de vue sur ces qualifications qui, à divers égards, me paraissent peu opportunes et, à tout le moins, éloignées de la conception que l’on doit avoir objectivement d’un personnage aussi captivant et attachant que Papus.
On sait que « vulgariser » sous-tend l’idée de « mettre à la portée du plus grand nombre des enseignements généralement destinés à une élite restreinte ». Souci a priori sympathique mais qui peut prêter à controverse et derrière lequel on voit se profiler en filigrane les pourceaux et les perles qu’on a eu tort de leur donner. Cependant, il nous faut reconnaître qu’en « vulgarisant » la Tradition, Papus aurait déjà fait œuvre utile puisqu’il a voulu mettre à la portée d’un grand nombre de cherchants des concepts aussi hermétiques (à première vue) que ceux de Martinès de Pasqually, d’Eliphas Levi, de Saint-Yves d'Alveydre, et de tous ceux qui ont illustré la Tradition et les courants de pensée greffés sur elle, mais il a fait bien plus car il a prolongé ces concepts et ces courants par un approfondissement intellectuel et spirituel. Son grand mérite est d’avoir à travers ses conférences, articles et ouvrages, rendu clair ce qui était relativement obscur alors que tant d’auteurs s’ingénient à obscurcir encore plus ce qui l’est déjà. Sous cet angle, on peut affirmer que Papus fut bien plus qu’un « vulgarisateur ».
De nombreux autres exégètes de l’œuvre papusien parlent à l’envi du « Balzac de l’occultisme ». Voilà qui échappe à mon modeste entendement. Car, si je ne m’abuse, et pour en rester à un simple parallèle littéraire, Balzac fut un romancier qui s’attacha à dépeindre (et avec un talent incontestable) les mœurs de la société de son temps (première moitié du 19e siècle) alors que Papus fut un essayiste, ce qui n’a rien à voir ; il s’agit en l’occurrence de deux métiers différents. Bien sûr, on me rétorquera (on l’a déjà fait) que ce rapprochement découle pour l’essentiel de l’abondance de l’œuvre de l’un et de l’autre. Ce qui n’a jamais réussi à me convaincre car ils ne furent pas les seuls à produire abondamment dans ces domaines.
Cela étant dit, rappelons que nombreux furent les auteurs qui s’intéressèrent à la vie et à l’œuvre de Papus. Philippe Encausse, son fils, lui consacra plusieurs ouvrages [1] mais nous devons citer aussi Phaneg [2], Victor-Émile Michelet [3], Jean-Pierre Bayard [4], pour ce qui concerne les biographes sérieux, et Marie-Sophie André et Christophe Beaufils [5], pour ce qui concerne les autres.
Plus récemment, au début de cette année, une biographie complète, objective, précise et dénuée de toute idolâtrie est parue aux éditions Pardès dans la collection « Qu’y suis-je ? » . Elle est signée Arnaud de l’Estoile et, avec son aimable autorisation, nous en publions quelques extraits dans les pages qui suivent.
Enfin, nous publions également un curieux témoignage d’un contemporain de Papus, le célèbre écrivain Anatole France. Ce qui montre bien que Papus ne laissait personne indifférent.
[1] Philippe Encausse, Papus, sa vie, son œuvre, Éditions Pythagore, Paris 1932.
[2] Phaneg, Le docteur Papus, Librairie hermétique, Paris 1909.
[3] Victor-Émile Michelet, Les compagnons de la Hiérophanie, Dorbon Aîné, Paris 1937, Bélisane, Nice 1977.
[4] Jean-Pierre Bayard, Papus occultiste, ésotériste ou mage ? Anthologie thématique de l’œuvre du docteur Gérard Encausse, Édiru, Mennecy, 2004.
[5] Marie-Andrée Sophie et Christophe Beaufils, Papus, biographie, Berg International, Paris 1995. Arnaud de l’Estoile, Papus, Pardès, Paris 2006.
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